La plante :
Je suis une plante qui rampe
Qui grimpe vers sa croissance
Mes cellules pointent en chœur
Le vert chemin vers le Centre
Mes fibres fraîches soupirent
De toute leur ouverture –
Écoute leur souffle discret
Moi qui suis fait de si peu
Je suis une liane qui roule
Qui s’enspirale et boucle
Mon ascension est au cercle
Ce que l’oeuf est à la poule
Tout le Royaume des Plantes, en choeur :
Au cœur du cœur de l’Être
Le Vert est ma maison.
La plante :
Comme une lettre à la poste
Comme un film à la télé
Je diffuse toutes mes ondes
Par la main de mes allié.e.s ;
Leurs ailes sont comme mes feuilles
Leurs membres mes branches allongées.
Et nous travaillons ensemble
Pour quelques gouttes de miel :
Un peu de nectar donné
A qui butine le Ciel.
Le poète :
Ce qui œuvre à travers vous,
C’est le Royaume des Plantes
Dont nous sommes constitué.e.s ;
Je suis ce que je mange,
Non je ne suis pas seul.e.
L’esprit de ces gardiens calmes
Ancêtres infiniment sages
Nourrit mon âme et mon ventre
La saveur de leur partage
Se dépose sur mon palais
Et dans ma langue, j’invente
Des poèmes en leur hommage
Et des chants pour les louer.
La plante :
Comme un serpent, je boucle
Le cercle du cycle des âges
Ouroboros, le Tout
Je le porte en mon feuillage
Tout est vert en moi, même si
Mes écailles et leurs reflets
Disent un éclat oublié
Dans un langage d’ailleurs
Yeux jaunes, terre rouge
Oui je plonge bien dans le Sol
Pour mieux m’élever au Ciel.
Venue pour faire un voyage
Dans votre nouveau Pays
La Terre des fleurs arrive
Il faut la préparer.
Le poète :
Un peu comme on fait son lit
Avant d’aller se coucher
Il nous faut faire nos vies
A l’image de Sa beauté.
A l’image de Son pardon
Qui nous a déjà touché
Mais on ne le savait plus.
Merci pour tous les cadeaux
Que l’on a pas bien reçu
Car on avait oublié.
Malgré toutes les errances
Parmi doutes et regrets
Le Vert toujours avance
Sans futur ni passé.
Ce vert silence de feuilles
Cette cathédrale sacrée
Les êtres debout en marche
Leur sève ne fait que monter.
La Terre nous porte vers le Ciel
C’est une naissance forcée
Les plantes nous aident à aimer
Ce passage pour ce qu’il est :
Le triomphe du Vivant
Une explosion de Beauté.
Et dans mon grand lit de mousse
Je m’en vais me déposer
La Terre nous berce et nous pousse
A pousser vers d’autres Cieux.